16 avril 2020

Fausses couches on en parle!

Par Laure

Temps de lecture de l’article : 06 minutes

Fausse couche : la maladresse des gens peut faire mal.
Cet article met en lumière mon témoignage et celui de lectrices qui ont traversé une / des fausses couches.
Quelles phrases les ont réconfortées ?
Quelles phrases les ont blessées ?

Cet article est découpé en 4 parties :
< Définition
> Mon expérience
> Vos témoignages

DEFINITION:

Qu’est ce qu’une fausse couche ?
En reprenant les termes du site Passeport Santé, une fausse couche est l’interruption naturelle de la grossesse avant 20 semaines de grossesse.
Elle survient chez 15 à 20% des femmes enceintes.
Plusieurs femmes vivent des moments de dépression suite à une fausse couche. N’hésitez pas à avoir recours à de l’aide psychologique pour vous réconforter. La grande majorité des femmes qui font une fausse couche ont par la suite des bébés en pleine santé. Et contrairement à certaines idées reçues, les activités quotidiennes ne provoquent PAS de fausse couche !

MON EXPÉRIENCE:

Cela faisait 9 mois que nous essayions d’avoir un bébé.
9 mois où au bout d’un moment on se demande si tout va bien ? et puis youpi test de grossesse positif! Cette joie fut éphémère car au rendez vous de la première consultation prénatale (à la 2è moitié du 1er trimestre) c’est la douche froide. La gynéco nous annonce qu’il y a de forte chance que ce soit un œuf clair. On n’avait jamais entendu parler de cela. Un œuf quoi ? mais ça veut dire quoi ? L’œuf clair est bien confirmé par la suite. C’est officiel la grossesse n’aboutira pas. Les médicaments n’ayant également pas fonctionné sur moi, l’épisode œuf clair se termine à la clinique avec une aspiration sous anesthésie générale.

En phrase réconfortante, ce sont les médecins qui ont su parfaitement nous rassurer. Je me souviens qu’ils nous ont dit qu’un œuf clair ce n’était pas de chance et qu’à ce jour il n’y avait vraiment aucune raison de s’inquiéter. Le gynéco pour l’aspiration m’a dit avec une telle douceur « vous retomberez enceinte et tout se passera bien, faite moi confiance cela est mon métier ! » Ca m’a fait beaucoup de bien.
Et puis un mois après l’aspiration, je suis retombée enceinte!
Whaou déjà ? Oui sauf que cette fois-ci on ne s’est pas emballés avec la peur de refaire un œuf clair. Et puis tout s’est exactement passé comme les médecins l’avaient dit. Tout allait très bien, il y avait bel et bien un joli petit embryon. J’ai vécu une grossesse de rêve et puis notre petit garçon est arrivé. Le bonheur!

Bien sûr, il y a aussi les mots réconfortants de notre entourage mais personne n’avait vécu d’oeuf clair voire ne connaissait ce terme du coup c’est vrai que le côté « rassurant » c’était plus grâce aux médecins.

En phrase maladroite:
Je me souviens d’une connaissance qui m’a dit après mon curetage
 » Veux – tu des contacts de spécialistes ? juste pour vérifier que vous n’avez pas un souci ?  »
C’était gentil de sa part car j’aurai été ravi de recevoir des contacts de spécialistes si besoin. Mais là ce n’était pas d’actualité, j’étais entièrement rassurée par mes médecins et confiante pour la suite. Je n’avais pas besoin des inquiétudes – non fondées – des autres!

VOS TÉMOIGNAGES:

PHRASES MALADROITES:

Témoignage 1 : Une phrase qui m’a marquée suite à ma (troisième) fausse couche tardive et spontanée suite à la visite de contrôle, c’est « Tout va bien, votre utérus est vide! » ...

Témoignage 2 : Pour ma deuxième fausse couche, c’était un œuf clair découvert à environ 11 SA, alors que j’avais des symptômes de grossesse, le ventre qui commençait à grossir, donc on commençait à s’autoriser à y croire. La phrase blessante est venue de ma mère qui m’a dit que dans la mesure où il n’y avait rien, ce n’était pas vraiment une fausse couche. Dur à entendre quand on a dû passer par une aspiration sous anesthésie générale pour enlever ce « rien ». Après c’est difficile pour les gens de trouver des phrases réconfortantes. Au bout d’un moment ils sont un peu à court 🙂

Témoignage 3 : Je pense comme beaucoup, j’ai fait une fausse-couche. De manière générale, c’est une épreuve que j’ai assez bien vécu et digéré. Cependant, une personne de mon entourage, ne comprenait pas pourquoi je le vivais « aussi » bien et avait peur pour moi. Cette inquiétude qu’elle a eu pour moi a été négative et j’ai commencé à me poser des questions et j’avais peur pour les prochaines fois… C’est pour cela que nous avons décidé de ne pas l’annoncer tout de suite même à nos proches et d’attendre d’être vraiment sur.

Témoignage 4 : Lorsque j’étais enceinte d’Ethan et que j’ai perdu du sang au début de ma grossesse que je ne savais pas si ma grossesse allée tenir une de mes collègues m’a dit: oh mais c’est pas grave tu réessayeras, alors que ma grossesse c’est bien passée par la suite.. Pour ma GEU, je n’ai eu aucune remarque blessante mais juste une qui m’a énervé plutôt, lorsque l’on dit à ton mari bon allez va falloir vite se remettre au boulot alors que tu as l’angoisse que ça refasse pareil et que oui tu essayes mais que ça ne fonctionne pas pour le moment.

PHRASES RECONFORTANTES :

Témoignage 1 :  la mienne a eu lieu très tôt (moins d’un mois), la phrase la plus censée que j’ai entendu c’était mon médecin traitant qui m’a dit que le corps et la nature étaient bien faits et qu’il valait mieux que ce soit comme ça plutôt qu’un enfant en mauvaise santé

Témoignage 2 :  J’ai fait deux fausses couches. La première est intervenue à 2 mois de grossesse après deux ans d’essai donc dur dur. Le médecin qui me l’a annoncé m’a dit : vous aurez une nouvelle grossesse et ça ne mettra pas deux ans. ça m’a fait du bien ! Globalement les phrases encourageantes des médecins sont très réconfortantes car on leur accorde beaucoup de confiance.

Témoignage 3: Pour ma GEU: les personnes qui m’ont le plus réconforté était surtout le personnel soignant ainsi que mes gynécologues.

UNE LECTRICE PARTAGE SON HISTOIRE ET RESSENTI:

J’ai fait 2 fausses couches (après ma 1ère fille, pour qui je n’ai eu aucun problème de conception) en mai 2020 à 12sa, et en août 2020 à 9sa… J’ai fait beaucoup d’analyse et il se trouve que je suis atteinte d’une mutation du facteur V leiden. Je coagule trop, donc en fait ça fait des caillots et ça bloque la circulation vers l’embryon… Donc dès que je retombe enceinte, il y a aura un traitement assez lourd à suivre.

Alors le problème lorsqu’on vit une fausse couche, c’est que tout le monde veut nous réconforter, en nous disant qu’il s’agit de quelque chose de banal, et on nous répète 15x par jour qu’une femme sur 3 en subit une ou même plusieurs dans sa vie. Mais à ce moment là, ce n’est pas ce qu’on a envie d’entendre. Peut être qu’on a envie d’être un peu égoïste et de ne penser qu’à notre douleur/malheur… Et qu’elle est propre à nous même, unique. Je trouve que c’est essayer d’amoindrir, minimiser la douleur en disant ça. Du coup on se sent presque coupable d’en ressentir, vu « que ça arrive à tellement de monde »…

Le plus dur après une ou plusieurs fausse(s) couche(s), c’est la peur et l’angoisse quand on retombe enceinte. Peur de le perdre de nouveau, peur d’imaginer des choses, peur de croire en l’avenir. L’angoisse en allant chez la gynéco qu’elle nous dise que c’est terminé… Et je n’ai pas vécu de grossesse entière depuis mes fausses couches, mais je pense que c’est un sentiment qui nous habitera toujours jusqu’à l’accouchement… Avant ça, je crois qu’on ne se rend pas compte qu’on peut perdre son enfant à tout moment…

En fait je crois qu’on n’a rien envie d’entendre en particulier, tout devient maladroit et peut plus blesser qu’aider… On a besoin de faire notre deuil. Qu’importe quand on le perd, au début, au milieu, à la fin… C’était un petit être qui grandissait dans notre corps et surtout dans notre cœur. Surtout quelque chose, quelqu’un, sur lequel on avait construit de l’espoir, des projets,… Et malheureusement ce n’est pas en quelques jours que la peine s’apaise… Donc je pense qu’il n’y a pas spécialement des choses à dire ou à ne pas dire, mais tout simplement laisser la personne en parler elle même. Elle le fera, je pense, quand elle sera prête, et que la douleur se sera un peu apaisée.

Après, c’est toujours réconfortant de lire ce que d’autres femmes ont pu vivre. De voir qu’on n’est pas seule à avoir ressenti cette douleur. Qu’on a le droit de mal le vivre, d’être meurtrie, et surtout qu’on a le droit d’en parler lorsqu’on s’en sent prête. Ça aide un peu à se libérer.
J’ai eu la « chance » de pouvoir en parler beaucoup avec une copine qui a vécu la même chose y a quelques années. Ça m’a beaucoup aidé d’en parler et de me sentir comprise. D’avoir des informations sur la suite par quelqu’un d’autre que les professionnels de santé, qui ne sont peut être pas les plus compatissants…


Par exemple, une chose horrible: sur le coup je n’avais pas réagit, trop abasourdie sur le moment je pense. J’avais entendu, lors de ma 2e opération, le doc dire à ses collègues, en parlant à ses collègues de ses patients « alors lui c’est pour ça, après je fais… Et puis pour finir encore une IVG. » Il parlait de moi. À ce moment là j’ai eu envie de crier « non, ce n’est pas volontaire !  » mais je n’ai pas pu, c’est resté au fond de ma gorge et je me suis mise à pleurer toute seule… Bref, pour dire que parfois les médecins ne sont pas les plus complaisants non plus, même si j’ai la chance d’avoir eu une super sage femme et gynéco.

Le pire que j’ai vécu je crois, c’est le jour où une connaissance a posté une sorte de phrase type sur les fausses couches, sans aucune explication. J’ai cru qu’elle en avait fait une et je lui ai envoyé un petit message en lui demandant si ça allait, si elle voulait en parler (ayant vécu la même chose). Non, elle m’a juste répondu un truc bateau « Je ne l’ai pas vécu, du moins pas en ayant été au courant…
Il faut savoir que les fausses-couches existent et sont douloureuses et il ne faut pas les banaliser. »… Ça sonnait comme une leçon et je me suis senti vraiment mal… Oui je ne peux que savoir ce que c’est, mais toi pas vraiment… Alors mieux vaut ne pas parler quand on ne sait pas… Même si je pense ça partait d’une bonne intention…


J’ai aussi un compte Instagram qui m’a beaucoup aidé à comprendre mes émotions : mespresquesriens

J’aimerai terminer cet article en mentionnant que le Parlement de Nouvelle-Zélande vient de voter une nouvelle loi. Les femmes faisant une fausse-couche ou donnant naissance à un enfant mort-né, ainsi que leur conjoint.e, auront désormais le droit à un congé spécial de 3 jours. Ce congé payé, qui a été adopté mercredi 24 mars 2021 dans la soirée, évitera aux femmes de se mettre en arrêt maladie.
Source: la maison des maternelles

Merci d’avoir pris le temps de lire cet article.

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